Meeting with the Devil [Pv Gérald Masters] [Tête de Sanglier]

Les week-ends étaient bien souvent une bénédiction pour la jeune femme, elle pouvait abandonner son rôle de professeur et être libérée des nombreuses obligations qui en découlaient. Ils se déroulaient généralement de la même manière. Céleste se permettait de se lever un peu plus tard qu'à l’accoutumé, elle avalait rapidement un café noir et faisait une brève promenade dans le parc du château avant de s’enfermer à double tour dans ses appartements. La tête plongée dans ses recherches, elle en oubliait souvent l’heure du déjeuner. L’érudition lui était bien plus précieuse que les remontrances de son capricieux estomac. Elle le contentait un peu plus tard, aux alentours de seize heures, avec une part de tarte au citron, sa gourmandise préférée. Une fois, le soir tombé, elle se prélassait longuement dans un bain bouillant avec une quantité superflue de savon et se couchait un bon livre à la main.

Mais aujourd’hui, tout serait différent. La routine allait laisser place à l’inconnu.

Ce samedi soir, elle avait rendez-vous à vingt-et-une heures, à «La tête de Sanglier» avec un vampire. Pas n’importe lequel, ni plus ni moins que le Directeur du Département des Mystères, Gérald Masters. Mais que lui voulait-il ? Elle n’avait trouvé aucune réponse à cette question. Elle avait eu bon se torturer les méninges et repasser dans sa tête, en boucle, son entrevue avec la jeune Yuna, il n’y avait rien d’autre qu’une frustration grandissante dans ses entrailles.

Le crépuscule était tombé depuis plus d’une heure, à présent et le temps s’était couvert. De petites gouttes de pluie commençaient à filtrer l’épais ciel gris. Il n’y avait pas un chat dans le parc du château. La jeune femme était vêtue d’un long manteau vert émeraude fermé jusqu’au col et d’une paire de bottes en cuir. Elle avait pris soin d’ensorceler les talons de ses chaussures pour qu’ils ne fassent aucun bruit pendant qu’elle traversait les nombreux couloirs de l’édifice. Il était hors de question qu’elle attire l’attention.

La sorcière quitta l’enceinte de Poudlard après une marche d’une bonne vingtaine de minutes maudissant l’interdiction de transplaner à proximité de l’école. Un «plop» la fit apparaitre directement dans une des rues principales de Pré-au-Lard. D’un pas rapide, elle parcourut la courte distance qui la séparait du point de rendez-vous.

Le petit «bouge» obscur qui portait le charmant nom de La Tête de Sanglier était un endroit des plus stratégiques aux yeux du professeur Umber. Elle allait à la rencontre d’un parfait inconnu à la réputation hasardeuse autant par son rôle au sein du Ministère de la magie que par, bien évidemment, son statut de vampire. L’endroit choisi était le plus approprié. Il était toujours gorgé de monde, peu importe l’heure et la clientèle était très diversifiée. Il était facile de se fondre dans la masse, aucun regard inquisiteur, aucune question. C’était en quelque sorte, le calme parmi le vacarme.

Il était vingt-et-une heures pile quand la jeune femme pénétra dans l’auberge d’un pas assuré. Elle jeta rapidement un regard circulaire à l’assemblée, il n’y avait là que des ivrognes beuglants des insanités et de vieux gobelins répugnants comptant leurs pièces d’or. C’était parfait bien que la seule vue de ces gens l’indisposait. Elle exécrait la crasse et les mauvaises manières.

Céleste avisa une petite table à l’écart au fond de la pièce. Avant de s’installer, elle extirpa un petit mouchoir de soie décoré de ses initiales, de la poche intérieure de sa veste pour essuyer son siège. Si elle avait retenu quelque chose de sa mère, c’est que l’on n’était jamais trop prudent. Ses voisins de tables étaient deux vieux sorciers à l’aspect douteux qui n’étaient obnubilés que par leur jeu de cartes. Bien. Elle n’avait plus qu’à attendre.

Alors, que la sorcière était plongée dans ses pensées, un homme vint s’installer à sa table. Elle ne se gêna pas pour le détailler quelques secondes pendant qu’il faisait signe au serveur de s’approcher. L’homme se présenta en lui tendant la main. Nous y étions. Gérald Masters.

- «Monsieur Masters, nous nous rencontrons enfin. Vous n’avez en rien bouleversé mes plans. Je vous avoue cependant que je suis intriguée. Envoyez une jeune étudiante en guise d’invitation est peu commun. Que me vaut l'intérêt, si soudain, d'un membre du Ministère ?» répondit-elle d’un ton détaché en lui serrant, cependant, fermement la main.

Bien que la jeune Yuna l’ait prévenue que la prudence était de mise, Céleste se refusait à y aller par quatre chemins. Elle voulait des réponses claires et précises, il lui fallait épancher cette curiosité écrasante.

La jeune femme écouta consciencieusement son interlocuteur, il lui était presque vital de comprendre les motivations de cet étrange homme. Elle voulait connaitre ses plus sombres motivations et ce, dans les moindre détails. Elle espérait qu’il ne se montrerait pas avare au fil de la conversation. Malheureusement, aux yeux de Céleste, la réponse qu’il lui donna était pleinement insatisfaisante et un brin agaçante. L’agacement provenait, en plus grande partie, du fait qu’elle n’avait que brièvement entendu parler de ce vampire, et que lui, à l’inverse, semblait en savoir davantage sur elle.

Selon ses dires, elle l’intriguait. D’accord. Pourquoi pas. C’en était presque flatteur dans un sens. Il ne fallait pas se voiler la face, la sorcière se savait brillante et douée pour bien des choses. Les nuits blanches de travail acharné et sa complète désocialisation avaient plus ou moins bien payés. Cependant, au stade de sa carrière, elle n’avait encore rien fait de suffisamment brillant, à son sens, pour attirer l’attention. Elle avait bien publié quelques articles sur ses recherches l’année dernière mais rien de grandiose. C’était assez curieux...

Le seul point positif, de ce début d'échange, était la preuve que la jeune Serpentarde ne lui avait pas menti sur les raisons de l’invitation, elle était tout autant dans le flou qu’elle. Mais, pour son éventuelle implication, c’était une autre histoire. Elle ne croyait pas au pseudo lien de famille qui les liait, elle et Gérald, il y avait bien plus. Céleste se ferait un plaisir de le découvrir plus tard. Dans le cas présent, il était plus intelligent de s’occuper d’un problème à la fois.

- «Puis-je savoir en quoi ma personne vous intrigue? Et, bien que pour le moment, vous ayez tout mon intérêt, je vous demanderai d'aller droit au but, Monsieur Masters. Je ne suis pas connue pour ma patience.» répondit-elle avec calme malgré son désappointement.

Entre temps, l’homme lui demanda aimablement, trop aimablement, si elle désirait quelque chose pour se désaltérer. Elle aurait volontiers commandé un verre de Whisky mais elle ne pouvait pas se permettre d’altérer ses pensées.

-«Je vais prendre un café noir en espérant qu'il n'ait pas le temps de se refroidir...»

La fameuse prophétie était de loin le sujet de conversation préférée des sorciers depuis les malencontreux incidents survenus à l’encontre de la population magique. Poudlard avait bien évidemment été touché par une vague de rumeurs, la plupart n’étaient aux yeux de Céleste que calembredaine.

Elle se rappelait encore exactement les termes de cette fameuse prédiction: «Quand les quatre héritiers seront réunis, quand le lion, l'aigle, le serpent et le blaireau se retrouveront dans le berceau de leurs ancêtres, alors le chaos reviendra. La lumière laissera place aux ténèbres et chacun devra à nouveau choisir son camp ». Cela ne laissait présager rien de très réjouissant, c’était une évidence.

Mais qui pouvait décemment affirmer que l’héritier manquant était déjà arrivé à l’école de sorciers ? Personne. Le sujet l’intéressait certes, mais il y avait là bien trop de suppositions et de probabilités. Elle n’était pas du genre à travailler dans le vide. Il lui fallait des preuves probantes, lui démontrant que oui, l’héritier de Salazar Serpentard se trouvait déjà dans l’enceinte de l’école.

A bien y réfléchir, elle avait entendu une conversation plutôt intéressante entre Monsieur Lancaster et Monsieur Greengrass. Ils semblaient être bien au courant. Céleste savait qu’elle devait garder un œil sur ces jeunes étudiants mais elle n’avait pas encore mis en marche de quelconques investigations.

- « Je pense que votre statut et vos nombreux accès privilégiés, vous permettre d’être bien plus au courant que moi sur ce sujet. Je comprends que vous soyez anxieux pour la sécurité de votre progéniture mais il n’y a pas lieu de s’alarmer pour le moment. Personne ne sait si l’héritier est d'ores et déjà dans l’enceinte de notre école. Il y a quelques rumeurs mais rien d'intéressant pour le moment. » répondit-elle avec nonchalance.

La jeune femme ne mentait pas. Mise à part les propos des deux étudiants, elle ne savait pas grand-chose. Et bien que l’avenir de ces deux garçons l’indifférait totalement, à l’heure actuelle, elle se voyait mal céder leur nom à un parfait inconnu.

- «Le ministère n'en saurait-il pas davantage? Vous devez bien avoir quelqu'un qui fait des recherches, un infiltré à l'école, peut-être? Puis-je vous demander , d'ailleurs, ce qui vous lie à la jeune Yuna ? Je ne parle pas, bien évidemment, de votre pseudo lien de parenté. J'ai le sentiment qu'il y a autre chose. Elle semble sur le qui-vive... » » demanda-t-elle d'un ton totalement détaché.

Être sur le qui-vive n'était pas vraiment le terme que le professeur Umber avait en tête mais c'était une manière plus polie et détournée de dire que la jeune demoiselle mettait son nez un peu partout et qu'elle n'aimait pas ça.

Les prémisses d’une nouvelle guerre ? Assurément. Cependant, en toute honnêteté, la jeune femme n’avait jamais pensé se trouver aux premières loges ni même d’être encore de ce monde quand la bataille s’engagerait. Elle avait le sentiment étrange que quelque chose se machinait, ici même à «La tête de Sanglier», à sa table pour être plus précis. Elle n’appréciait que très peu cette sensation, cette sensation d’être impliquée dans un projet dont les détails lui échappaient complètement. Elle ratait quelque chose, elle le savait. Comment pouvait-elle percer à jour cet étrange homme, ce vampire au sourire et au comportement toursiveux ?

Alors que la jeune femme choisissait avec soin une réponse à fournir à son interlocuteur, le serveur vint apporter sa commande. Elle ne prit pas la peine de le remercier et se contenta de boire une gorgée du breuvage fumant. Le liquide lui brûla doucement la gorge, c’en était presque réconfortant.

- «Une guerre est en effet possible et celle-ci pourrait être bien plus dévastatrice que la première. J’espère que nous retiendrons les leçons du passé et agirons en toute connaissance de cause, au moment où il faudra choisir un camp» répondit-elle tranquillement tout en appuyant légèrement sur ses derniers mots.

La jeune femme écouta, toujours avec attention, les propos de Gérald sur le comportement peu approprié de Yuna Grindelwald. Il la mettait mal à l’aise ? Rien de très étonnant en soit. Il faut dire que le contraire l’aurait étonnée. Il ne doit pas être évident d’entretenir une relation «saine» avec un vampire quand l’on est une jeune adolescente. En fait, était-il seulement possible d’entretenir une quelconque relation avec un vampire ?

Là, où ça devenait intéressant, c’est qu’il confirma ses soupçons. Elle travaillait bien pour lui. La petite Serpentarde devait être très intelligente ou alors complètement stupide. Quel rôle pouvait-elle bien jouer mise à part celui d’espionne ? La sorcière sourit intérieurement.

-«Je ne pousserai pas le vice en vous demandant quelles tâches lui sont affectées. Après tout, comme vous le dites, je suis quelqu’un de perspicace. Cependant, Monsieur Masters, dites-moi, vous devez être un vampire extrêmement âgé ? Où étiez-vous, il y a une centaine d’années lors de la bataille finale opposant le célèbre Harry Potter à Lord Voldemort ?» demanda-t-elle en se penchant légèrement vers son interlocuteur.

Céleste savait pertinemment qu'il était rarement judicieux de brûler des étapes mais si cette personne attendait quelque chose d'elle, elle préférait être au parfum rapidement et puis rien ne le forçait à répondre. S'il éludait sa question et bien, elle en tirerait ses propres conclusions...

Comme le soutint Gérald Masters, bien des meurtres sanglants, que l’on pourrait qualifier aisément de «boucherie», avaient touché le monde sorcier. Cependant, le professeur Umber doutait fortement que l’on puisse les imputer à l’héritier de Salazar Serpentard, lui-même. Ce serait totalement ridicule de sa part. Ces meurtres ne pouvaient-être attribués qu’à une tierce personne, un partisan quelconque guettant la venue de son «maitre».

D’ailleurs, si ses souvenirs étaient exacts, les journalistes avaient précisé dans leurs torchons, appelés gazettes, que la plupart des victimes avaient été vidées de la totalité de leur sang. Une superbe coïncidence…

Il était à présent venu le temps pour le vampire de poser ses propres questions à la jeune sorcière. Il lui demanda la raison qui l’avait poussée à accepter cette mystérieuse rencontre. C’était là, une question bien pertinente. Pourquoi avait-elle donc accepté de se déplacer ?

Il y avait bien sûr un brin de curiosité, la jeune femme se demandait pourquoi le Chef du Département des Mystères souhaitait la rencontrer, mais ce n’était bien évidemment pas la raison initiale de sa présence. Gérald Masters était tout simplement une aubaine pour Céleste.

En effet, la jeune femme était en train d’étudier les propriétés du sang des vampires et il était peu aisé de s’en procurer. Elle se refusait d’en acheter au marché noir des sorciers. Il pouvait être corrompu par n’importe quel ingrédient ou tout simplement synthétique. Elle ne risquerait pas de fausser ses recherches. Il lui fallait un échantillon «sain» et le meilleur moyen d’en acquérir était de le demander directement à l’une de ces créatures de la nuit.

- «Je ne vais pas vous mentir, Monsieur Masters. Vous avez quelque chose qui m’intéresse. Votre sang pour être plus précise.» Répondit-elle avec nonchalance.

Par la suite, l’homme lui expliqua qu’une mission l’empêcha de prendre part à la fameuse bataille et qu’il n’était arrivé que bien après sa conclusion. Son récit était des plus intéressants. Une question brûlait les lèvres du professeur. Oserait-elle ? Au diable les conventions ! Ce ne serait pas la première fois qu’elle dépasserait les limites de la bienséance.

- «De quel côté auriez-vous combattu ?» Finit-elle par lui demander dans un murmure.

Le professeur Umber savait pertinemment que sa demande était des plus curieuses. Ce n'était pas comme si le sang de vampire était un ingrédient fréquemment utilisé. Non, l’utilisation d'un tel composant était extrêmement réglementée. Il fallait remplir moult paperasses au Ministère et s'engager d'en d’innombrable démarches pour obtenir, sans certitude, l’autorisation de s’en servir. Il était clair, pour la jeune femme, qu’elle n'avait pas de temps à perdre avec ce genre de détails et ses recherches, de toute façon, étaient effectuées dans le plus grand secret.

Céleste ne fut donc pas étonnée que le vampire soit curieux de connaître les motivations de cette requête un peu folle. Elle s’offrit un bref instant de réflexion avant de répondre au chef du Département des Mystères.

- «Je ne souhaite pas devenir un être de la nuit. La vie me sied trop pour cela. Disons que j'effectue quelques petites, minimes même, recherches personnelles. Rien qui ne doit inquiéter les hautes instances du Ministère, je vous l'assure. Cependant, si je me permets de vous faire une telle demande Monsieur Masters, c’est parce que j'ai la nette impression que vous attendez quelque chose de précis de ma personne. Rien à voir avec vos inquiétudes pour votre fille. Si accord, il y a.... Et bien, nous serons tous les deux gagnants. Ce serait un échange de bons procédés.»

Alors que sa curiosité allait être assouvie sur les desseins de Gérald, celui-ci laissa « apparaître » quelques secondes son véritable visage. La jeune femme ne put s'empêcher de lever un sourcil suspect et de porter sa main sous la table, plus précisément dans la poche de son manteau où sa baguette se trouvait. Au cas où...

- «Je vois...» lâcha-t-elle simplement dans un soupire.

Il n’y avait à présent plus de doutes sur les intentions de cet étrange homme. Comment allait-elle s’en sortir?

- «Je ne sais pas exactement ce que vous avez entendu sur moi, mais je ne suis pas sûre de vous apporter ce que vous désirez. Il y a trop de risques ! Il est hors de question que je m'engage sans garantie. Mise à part votre sang, qu'est-ce que j'y gagne? Être asservie ne rentre pas dans mes priorités... » Reprit-elle d’un ton suspicieux, tout en se redressant sur sa chaise.

Elle aurait mieux fait de se prendre un whisky, le café passait finalement très mal. Etait-elle réellement en train de discuter de potentielles clauses de contrat avec un vampire?

Le professeur Umber n’avait nulle envie de partager ses secrets avec le Chef du département des Mystères mais celui-ci semblait prêt, à lui concéder ce qu’elle demandait, qu’en échange d’explications. C’était des plus fâcheux. Avait-elle le choix ? Oui ! Elle pouvait très bien finir d’une traite son café, à présent froid, et quitter les lieux sur-le-champ ou alors, elle pouvait tout aussi bien mettre sa suspicion de côté et se décider à lâcher quelques brides d’informations.

- «Il y a quelques mois, j’ai retrouvé un ouvrage qui trainait négligemment dans l’une de mes malles. Le titre m’a interpellé, «La Pierre Philosophales » de Nicolas Famel ou comment élaborer un élixir d’immortalité. C’est là tout ce que vous saurez, Monsieur Masters.» Lâcha-t-elle avec une certaine nonchalance.

Alors que sa main droite reposait sur sa baguette magique, le vampire lui fit remarquer qu’elle n’avait aucun intérêt à la sortir. C’est vrai que ces créatures étaient foutrement rapides, mais elle ne se débrouillait pas trop mal pour une «humaine» et elle avait en mémoire quelques sorts intéressants à essayer. Jouant la carte de la confiance, Céleste redéposa ses mains en évidence sur la table. Risquer sa vie ce soir ne l’intéressait guère.

Surtout qu’à présent, ils étaient rentrés dans le vif du sujet. La jeune femme écouta attentivement son interlocuteur, restant impassible, son cerveau tournait à plein régime.

- «Entièrement libre ? Qu’en savez-vous ? Nous ne connaissons en rien son identité et s’il se trouvait être le digne héritier de Lord Voldemort ? Tout ne serait que chaos et je n’ai aucun doute sur la fin désastreuse de cette histoire. » répondit-elle avec mordant.

Elle n’était pas stupide, si l’héritier de Salazar Serpentard se trouvait être un mégalomane narcissique et vaniteux, ils seraient perdus, tous sans exception.

- «Monsieur Masters, essayez-vous de m’intimider? Parce que je n’ai pas l’intention de frémir à vos paroles. Vous voulez un accord avec moi ? Bien, fournissez-moi ce que je désire et je rejoindrai votre camp… Mais à la première entourloupe, je vous emmènerai dans ma chute, ceci n’est en rien une menace mais une promesse. Quant à ce fameux héritier, si je pressens qu’il est trop dangereux pour mes intérêts et bien… Qui sait ce qui pourrait se passer ! » finit-elle par dire.

Cela faisait des mois que la jeune femme avait été obsédée par ses recherches sur la Pierre Philosophale et son créateur. Non pas que la vie éternelle l’intéresse spécialement. Mais arriver à reproduire une potion voire une pierre avec de telles propriétés lui accorderait l’excellence et la reconnaissance tant espérée. C’était devenu sa raison principale de se lever le matin, son but ultime. Et, elle ferait tout pour y parvenir quitte à se fourvoyer. Après tout, ce n’était pas une femme avec beaucoup de principes…

Gérald eut la décence de ne pas insister quant au contenu de ses recherches, voilà une très bonne chose. Les bribes d’informations qu’elle lui avait données semblaient le satisfaire pour le moment. Nul doute qu’elle se devrait de répondre à d’autres interrogations dans un futur proche, mais mieux valait se concentrer sur le présent en cet instant.

Les dires du vampire à propos du Seigneur des Ténèbres étaient des plus intéressants. Ils étaient tous les deux sur la même longueur d’ondes. Elle acquiesça simplement de la tête, elle était tout à fait d’accord avec son interlocuteur. Le mage noir de l’époque n’avait nullement les moyens de vaincre «l’élu». Il était à espérer que son successeur se trouverait dans de meilleures dispositions et ne s’entourerait pas d’incapables sans nom.

Par la suite, le marché entre le chef du département des mystères et la sorcière fut achevé. Il lui fournirait ce qu’elle demandait et garderait leur entrevue secrète. En échange, elle tairait son implication et se mettrait à sa «disposition», le moment venu.


- «Nous avons un deal, Monsieur Masters » dit-elle en lui tendant sa main.

L’affaire était donc conclue avec succès. Le vampire n’avait plus qu’à tenir parole et à lui fournir ce qu’elle lui avait réclamé en échange de sa «dévotion» envers le nouvel héritier. Bien que l’endroit de leur rendez-vous soit des moins fréquentables, il n’était point adapté pour la suite des opérations.

C’est ainsi qu’après avoir payé les consommations, le chef du Département des Mystères offrit avec galanterie sa main à la jeune femme qui l’accepta malgré l’envie. Il était bien inopportun d’être au summum de la grossièreté à ce moment précis.

Lorsqu’ils quittèrent l’infâme taudis, quelques clients peu farouches suivirent leur sortie. Peu importait. Céleste n’en connaissait aucun et il y avait peu de chance que l’un d’entre eux la reconnaisse. Pour Gérald, c’était sans doute une autre histoire. Il était une figure publique, mais ce n’était en rien son problème à elle.

Une fois dans les rues de Pré-au-Lard, l’homme lui proposa d’aller dans un endroit plus discret, moins fréquenté et lui demanda si elle était en possession d’une fiole pour recueillir le précieux liquide. Femme prévoyante comme elle l’était, elle en avait quelques-unes planquées au fond de son sac à main.

- «J’ai ce qu’il nous faut. J’espérais tout comme vous que cette soirée serait concluante. Voulez-vous allez dans l’une des ruelles près de Zonko ?» lui demanda-t-elle sur un ton totalement neutre.