Magic Spell [Cours commun, ouvert aux inscrits] [Cours de Sortilèges & Enchantements]

La salle de classe qui accueillait les cours de Sortilèges et d’Enchantements se trouvait au premier étage. C’était une pièce imposante et extrêmement froide, une cheminée avec un bon feu aurait été la bienvenue pour réchauffer les épais murs de roche. Le parquet criant à chaque pas était méchamment terni et crevassé par les années. On aurait dit une veille salle à l’abandon. On pouvait aussi bien regarder à gauche ou à droite, il n’y avait aucune fioriture. Rien d’attirant, aucune «âme». Tout y était triste et austère.

Au fond de la classe, il y avait une grande estrade de bois où se trouvait le bureau du professeur, impeccablement rangé. Celui-ci surplombait la vingtaine de tables mise à la disposition des étudiants. Il était massif et accompagné d’une lourde chaise recouverte d’un velours pourpre. La seule touche de couleur.

Il était presque huit heures et quart quand la jeune femme gagna d’un pas félin son «territoire». Elle était vêtue d’une longue robe simple de couleur noir typiquement sorcière. Ses cheveux étaient remontés avec élégance et elle affichait un visage fermé, inébranlable.

Elle s’arrêta à la hauteur de la première rangée de bancs et sortit sa baguette magique. Elle chuchota quelques paroles et un mètre ruban jaillit du fin morceau de bois. Elle se devait de vérifier que les trente centimètres réglementaires d’écart entre les bancs avaient été respectés. Satisfaite de sa première tâche du matin, elle s’approcha du tableau et y inscrit à la main, d’une écriture soignée et fine : Cours commun de Sortilèges et d’Enchantements, prodigué par le professeur Céleste Umber.

Céleste s’assit à son bureau et plaça ses deux mains bien à plat sur la table. Il était temps d’accueillir toute la marmaille. Inutile de préciser qu’elle était comme à son habitude d’une humeur massacrante, humeur qui du moins ne transparaissait pas. Il était préférable pour ses étudiants d’être à l’heure et disposés à travailler, dans le cas contraire, elle ne répondrait plus de rien.

To be continued…

Aussi loin que sa mémoire le lui permettait, le professeur Umber se rappelait avoir affectionné tout ce qui se rapportait de près ou de loin à l’art des Sortilèges et Enchantements. Ses habilités magiques et sa discipline constante l’avaient amenée sans obstacle à son poste actuel. Cependant, être doué en magie ne faisait pas de vous un bon professeur. Il fallait également faire preuve de patience, se montrer encourageant, être juste tout en étant ferme, … Pour résumer, il fallait maitriser, un minimum, les rudiments de l’éducation. Malheureusement, Céleste était loin d’être l’enseignant le plus pédagogue de l’école de sorciers et ses nouveaux élèves n’allaient pas tarder à l’apprendre à leurs dépens. Réussir dans ce cours avait en quelque sorte un coût.

La sorcière enseignait de la même manière à ses étudiants, qu’ils soient en première ou en dernière année. Ce n’était sans doute pas la meilleure chose à faire en sachant que les nouveaux arrivants fraichement débarqués des jupes de leur mère avaient besoin d’être mis en confiance et que les dernières années avaient besoin d’encouragement pour l’épreuve des Aspics. Mais, il n’y avait là pour elle, aucune différence. Peu importe l’âge ou le niveau de pratique, ils devaient être au taquet.

Surtout, qu'au vu des événements récents qui touchaient le monde sorcier, le directeur de Poudlard avait demandé à son personnel d’intensifier le côté pratique des cours pour ainsi apporter le plus d’expérience possible à ces jeunes gens qui seraient bientôt lâchés dans le monde des adultes. Si tel était le désir de sa sainteté, et bien soit, elle le ferrait. Mais il ne faudrait pas venir se plaindre par la suite si un incident arrivait.

D'ailleurs, pour son premier cours, Céleste avait décidé de rassembler ses élèves, tout année confondue. Elle voulait pouvoir juger directement de leur niveau. De quoi les premières étaient-ils capables ? Y-aurait-il de petits prodiges cette année ou des calamités sans nom? Les étudiants de deuxième cycle avaient-ils évolués pendant les vacances? Elle savait qu’au premier coup d’œil, elle serait fixée. Elle n’eut pas à attendre très longtemps pour voir les premiers arrivants...

Un groupe de quatre Serpentards fit son entrée, elle reconnut directement la jeune Yuna Grindelwald qui la salua. Céleste se remémora leur conversation de la veille. Elle espérait que la demoiselle se ferait des plus discrètes. Elle avait suffisamment de choses à gérer sans que quelques adolescents bavardent sur son dos. Arriva ensuite Monsieur Greengrass avec son air suffisant habituel et ses paroles mielleuses à souhait. Avait-elle bien entendu ? Elle était ravissante comme toujours ? Le petit vermisseau. Elle préféra l’ignorer simplement et le suivi du regard, un regard intraitable, jusqu’à la place qu’il emprunta. Il était bien inutile qu’elle se donne déjà un mal de crâne en vociférant des paroles acerbes. C'était un jeu pour le jeune homme et elle refusait de lui donner satisfaction.

D’autres élèves pénétrèrent dans la pièce, petit à petit. Une jeune fille que Céleste ne connaissait pas s’avança et s’inclina légèrement à son attention. Elle semblait être étrangère. Cela aurait pu être à son avantage si le professeur n’avait pas remarqué que cette étudiante appartenait à la maison d’Helga Poufousouffle. Elle détestait les Poufsouffles et s’était de notoriété publique, elle n’avait même jamais pris la peine de le cacher.

Vinrent ensuite les derniers élèves dont trois Gryffondors. Une jeune fille inconnue au bataillon, Monsieur St John et Mademoiselle Thomson. Ces deux derniers étaient des élèves qui ne se débrouillaient pas trop mal. Il était à espérer qu’ils avaient conservé leurs aptitudes.

Les troupes étaient donc arrivées, il ne manquait à première vue que Monsieur Lancaster, c'était dommage. Alors, que la jeune femme se leva délicatement de son siège et empoigna sa fine baguette, le retardataire pénétra dans la salle de classe. Céleste le regarda avec un certain dédain avant de pointer sa baguette en direction de la lourde porte de chêne de l’entrée. Un «Collaporta» la verrouilla instantanément. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir de la salle de classe. Il n’y avait pas de place pour d’éventuels retardataires. Il était temps de rentrer dans le vif du sujet. En toute logique, elle aurait dû commencer par leur souhaiter la bienvenue dans sa classe, mais elle n’en n’avait nullement envie.

- «Vous vous demandez sans doute pourquoi j’ai décidé de vous réunir tous pour le premier cours de Sortilèges et d’Enchantements de l’année. Bien que je n’aie aucun compte à vous rendre, je vais éclairer vos lanternes.» commença-t-elle d’un ton cassant.

Prenant une pause pour appuyer ses propos, la sorcière commença à déambuler entre les bancs parfaitement alignés. Elle prenait le temps d'observer un à un les élèves. Parfois, elle s’arrêtait devant un étudiant pour le dévisager ou encore pour faire un signe de tête désappointé.

- «Ceux qui ont déjà eu l’occasion de participer à mes cours savent que j’exècre non seulement la médiocrité mais également la perte de temps, de mon temps, pour être plus précise, avec des étudiants qui ne se donnent aucun moyen d’évoluer. J’ai donc tout naturellement décidé de faire un tri très sélectif parmi vous, jeunes sorciers.

Bien que je sois dans l’obligation dans tous les cas de figure de vous donner cours, sachez que je n’hésiterai pas à en laisser sur le banc de touche. Si vous travaillez et avancez, vous serez récompensé dans le cas contraire, vous échouerez purement et simplement.

Ceux qui seront, cette année, à la traine dans mon cours, le resteront sans doute pour l’intégralité de leur scolarité. Entendons-nous bien, ce n’est en aucun cas mon problème. Je ne suis ni psychologue, ni votre mère. Vos craintes, doutes et autres, gardez-les!

Vous êtes prévenu et j’espère que vous avez pris bonne note du règlement que j’ai affiché lors de vos inscriptions. Personne ne pourra m’accuser de vous prendre en traite.»

La jeune femme repris place à son bureau sur l’estrade et toisa de longues secondes les jeunes gens devant elle. Lequel serait le premier à craquer ?

- «Pour commencer, vous allez vous présenter à tour de rôle et me donner vos dispositions en Sortilèges et Enchantements. Ensuite, je testerai votre niveau théorique. Les personnes que je connais ne sont pas dispensées de se présenter ! » termina-t-elle en arrêtant son regard sur Rey Greengrass et son comparse de toujours.

Le professeur Umber se saisit d’un morceau de parchemin et d’une plume qu’elle trempa dans le petit encrier doré posé sur son bureau. Elle traça à main levée trois colonnes, d’une similitude parfaite, et elle les annota de son écriture élégante. La première portait un «oui», la seconde fut marquée d’un «à vérifier», quant à la dernière, on pouvait y lire «aucune perspective», souligné grossièrement deux fois.

La jeune femme était enfin prête à écouter, avec un maigre intérêt, ses élèves.

Monsieur Lancaster fut le premier à se lever pour sa présentation, il était inutile de préciser qu’il transpirait l’insolence, comme à l’accoutumé. Il se décrivit comme une personne douée, il n’y avait là, aucun mensonge. Il était un élève plutôt brillant et appliqué, mais il n’était pas du genre à s’étouffer dans sa modestie…

- «Toujours aussi modeste, Monsieur Lancaster. Voyez-vous, mon plus grand plaisir, serait de vous apprendre l’humilité.» Répondit-elle tout en gribouillant rapidement quelques mots sur son bout de papier.

Alors que la classe était d’un calme olympien et qu’un deuxième étudiant se préparait à se lever, Céleste entendit très distinctement des coups à la porte de la classe. Cela devait être une plaisanterie ? Qui était assez idiot pour venir la déranger lors de son premier cours ?

Sans dissimuler son agacement, Céleste se leva de son siège et pointa sa baguette sur la porte. Un «Alohomora» à peine audible traversa ses fines lèvres et la porte se déverrouilla. Une jeune étudiante de Serpentard qui arborait un insigne de préfet pénétra dans la salle. Quel était encore son nom ? Le professeur n’en avait aucune idée, elle n’était pas du genre à retenir tous les noms de ses élèves, c’était une tâche trop inutile. Ce qu’elle savait, par contre, c’était que la jeune fille était en retard et qu’elle ne devait pas prendre son rôle de préfète très au sérieux.

Qu’allait-elle donc bien pouvoir faire de cette jeune importune ? Elle pouvait la renvoyer dans sa salle commune et lui donner une punition qui lui prendrait l’entièreté de son après-midi ou encore l’utiliser comme cobaye lors des entrainements de Sortilèges? Choix délicat, chaque perspective était réjouissante.

- «Mademoiselle, aurais-je fait preuve d’un laxisme exagéré à votre égard lors de vos premières années à Poudlard pour que vous vous permettiez de déranger ma classe ? Non, cela ne me ressemble guère. Je suppose qu’il me faut imaginer qu’il vous est arrivé une infortune quelconque lors du court chemin séparant les cachots du premier étage… Auriez-vous rencontré un Troll des cavernes ? Peu m’importe à vrai dire. Prenez place dans le silence et je retire dix points à Serpentard.» Déclara-t-elle d’un ton acerbe en reprenant place à son bureau.

Après ce petit intermède des plus rafraichissants, Mademoiselle Grindelwald s’octroya la parole et expliqua qu’ayant sa baguette depuis un laps de temps assez court, elle ne connaissait pas encore ses prédispositions pour le cours. Que c’était décevant.

- «N’ayez crainte, Miss Grindelwald, je ne manquerai pas de vous faire part de mon jugement» répondit-elle d’un ton lasse.

Vint le tour de Monsieur Greengrass, lui et son compagnon faisaient la bonne paire pour tout ce qui touchait l’arrogance et l’insubordination. Suite aux paroles de l’élève, un mal de crâne pris soudainement la jeune femme. Malgré son air impassible, la colère se hissait petit à petit. Le vert et argent avait été trop loin et méritait une leçon. N’ayant pas cours cet après-midi, elle aurait tout le loisir de lui trouver une punition à la hauteur de son indécence.

- « Monsieur Greengrass, j’espère que vous n’avez rien prévu de spécial pour ce soir, ni pour le prochain. Vous êtes collé tout le reste de la semaine. Il me sera plus aisé ainsi de vous montrer ma complète admiration. S’il s’avère que vous n’êtes pas d’accord sur ma façon de procéder, prévenez votre directrice de maison, j’aurai grand plaisir à la recevoir. Mais vous ne serez en aucun cas dispensé d’une punition ». Lâcha-t-elle d’un ton à la limite du doucereux.

La punition pouvait paraitre sévère pour le jeune étudiant ou le reste de l’assemblée, mais ce n’était pas grand-chose venant de sa part. Elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Il lui tardait d’être dix heures trente pour renvoyer tout ce petit monde au diable !

Les présentations se succédèrent et se ressemblèrent. Les premières étaient sans surprise et d’un décevant. La jeune étudiante étrangère semblait peu à l’aise lorsqu’elle prit la parole, il était à espérer qu’elle soit plus sûre d’elle une baguette à la main. Céleste se ferait grand plaisir de la pousser dans ses retranchements. Monsieur St John quant à lui espérait s’améliorer cette année, c’était un bon point.

La nouvelle petite Gryffondor était une Black. Elle semblait pleine de promesses. Une première qui avait tenté seule des sortilèges ne pouvait être qu’enthousiasmante. A vérifier…

- «Les réussir du premier coup n’est pas chose aisée Mademoiselle Black, surtout lorsqu’on est inexpérimenté. L’important est toujours de s’y essayer. Avec de l’application et de la détermination, vous réussirez peut-être dans ce cours. D'ailleurs, vous devriez tous passer plus de temps dans vos grimoires à étudier et à vous exercer à la place de batifoler dans les couloirs.» Répondit-elle en jetant un regard circulaire à la classe.

Les présentations se clôturèrent sur la petite héritière de Gryffondor, Alyssa Thomson. Une élève douée en sortilèges et enchantements, mais peu à l’aise pour prendre la parole.

Le professeur Umber resta quelques minutes dans le silence, son parchemin à la main. Les noms de ses étudiants se bousculaient dans ses trois fines colonnes. Un classement provisoire était à présent établi. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Il n’y avait plus de temps à perdre, elle savait qu’après cette leçon, elle aurait son palmarès de champions et bien entendu, sa petite liste noire comme chaque année.

- «Bien, nous allons commencer. J’avais dans l’idée de tester en premier lieu votre niveau théorique mais j’ai bien peur que les résultats soient désespérants. Nous allons passer directement à la pratique. Je vous conseille d’être attentif, je déteste me répéter». Déclara-t-elle en se levant de son siège.

La jeune femme constitua plusieurs groupes. Monsieur Lancaster était avec Mademoiselle Selwyn, celle-ci dû lui rappeler son nom. La petite Serpentade de première année avait pour partenaire l’étudiante étrangère, Mademoiselle Inverse. Monsieur Greengrass et Monsieur St John faisait équipe. Quant à la jeune Black, elle eut pour partenaire l’héritière de Gryffondor. Il était bien évidemment inutile de préciser que ces groupes avaient une grande importance aux yeux du professeur. Elle n’avait pas créé ses paires par hasard. Le hasard n’avait pas sa place dans sa classe.

Elle fit lever les élèves et lança un sortilège sur leurs bancs et chaises. Ceux-ci se retrouvèrent instantanément collés au fond de classe. Un bel espace était dégagé pour la pratique.

- «Mademoiselle Selwyn, vous et votre partenaire, vous entrainerez sur un sortilège de lévitation. L’Ascensio. Il serait bien évidemment trop facile de vous demander de faire léviter une plume ou un parchemin… Vous n’êtes plus en première. J’aimerai voir des ailes pousser sur Monsieur Lancaster. Nous comprenons-nous ?» Dit-elle d’un ton mauvais tout en offrant un superbe sourire au jeune homme.

Il était bien inutile pour la jeune femme de leur montrer les gestes à effectuer pour un tel enchantement. Ils l’avaient déjà tout deux appris. Cependant, la difficulté aujourd’hui était d’arriver à mettre suffisamment de puissance dans le sort pour garder en hauteur un être humain. Si le sortilège se faisait trop faible, une chute était assurée. Ce serait un tel spectacle…

S’approchant ensuite de Yuna Grindelwald et de la petite Poufsouffle, Céleste leur demanda de s’entrainer au sortilège «Assurdiato». Ce sort permettait d’infliger un bourdonnement insupportable dans l’oreille de la personne visée. Elle leur montra une seule et unique fois, les gestes à appliquer pour le réussir convenablement.

- «N’oubliez pas de prononcer la formule distinctement» lâcha-t-elle à l’encontre d’ Adrastéïa avant de se retourner vers Monsieur Greengrass et Monsieur St John.

Pour ces deux-là, elle leur demanda de travailler sur un sortilège de «crache limaces». Ce n’était pas un sort d’une très grande utilité, il fallait bien l’avouer. Mais voir de jolies petites limaces gluantes et vertes sortir de la bouche du Serpentard, lui mettrait du baume au cœur sans aucun doute. Elle mourrait d’envie de faire une démonstration, mais elle se retint d’un mordillement de la langue.

- «Monsieur St John, vous commencerez le premier !»

S’avançant vers le dernier groupe, le professeur réfléchit pendant quelques instants au sortilège qu’elle pourrait leur demander de réaliser. Il ne fallait rien de trop compliqué pour une première mais puisque celle-ci s’était déjà un peu entrainée et que Mademoiselle Thomson était bonne élève et du genre à porter secours, Céleste pouvait se permettre d’augmenter un brin ses exigences.

- «Mademoiselle Black, vous allez vous entrainer au sort de protection, le Protego. Quant à vous Mademoiselle Thomson je vous donne le droit d’utiliser tous les sortilèges que vous connaissez sur votre partenaire. Un incident est susceptible d’arriver mais ce sont les risques de l’apprentissage… » lâcha-t-elle avant de montrer le tour de poignet que devait reproduire la jeune Gryffondor. Céleste laissait là, une chance à la première année de faire ses preuves.